La relation designer/ingénieur front ça donne quoi ? Avec Alissone on vous parle de nos expériences.
Vanessa: Lors de la conception d’une maquette, le designer doit penser à un tas de choses : les biais cognitifs, les espacements, la hiérarchie des informations, les couleurs..il doit également penser à respecter son design system. La liste est longue. Il y a des choses auxquelles je ne pense pas en tant que designer, et c’est là qu’intervient « my partner in crime » : l’ingénieur front.
Maintenant que j’ai acquis une certaine expérience professionnelle, je trouve intéressant de parler de la relation designer/ingénieur front. Elle est enrichissante et tellement importante. L’un ne va pas sans l’autre, je vais pas te dire qu’on est les Lennon et McCartney de la tech, ils ont brillé chacun de leur coté…on est un peu comme Luke Skywalker et RD-D2 pendant un combat : indissociables et on se comprend, on parle le même langage.
Alissone: Au cours de mon expérience, j’ai eu l’occasion de travailler à différentes reprises avec des designers. A chaque fois, j’avais la possibilité d’échanger directement avec le designer de mon équipe/entreprise et même si parfois on ne parle pas la même langue, je te rejoins sur l’aspect indissociable. On voit les mêmes choses mais sous des angles différents, des approches différentes mais surtout des contraintes différentes. J’ai toujours adoré collaborer avec les designers parce qu’ils apportent du sens à ce que je code. Je sais pourquoi je mets ce bouton à cet endroit, pourquoi je dois implémenter tel ou tel comportement.
Vanessa: Un bon ingé front, sera, en plus d’être technique, orienté utilisateur et aura une appétence pour le graphisme et l’esthétisme. C’est ici qu’il rejoint le métier du designer. Cependant, le dev n’est pas un designer. Mais il a cette ouverture et cet intérêt qui le différencie des autres ingénieurs qui ne touchent pas au front. Mon expérience me prouve qu’ils peuvent avoir de super idées coté design, mais cela ne fera pas d’eux des designers pour autant. Pourquoi ? A cause des skills techniques. Et c’est NORMAL. Même si je fus, jadis, developpeuse front, je n’ai plus ce même regard. J’oubli le code, le CSS, les contraintes que cela impose.
J’ai un regard de designer, je pense à l’utilisateur, aux biais, au fait de ne jamais réinventer la roue (un peu comme vous les dev), aux neurones des utilisateurs en somme. J’ai parcouru pas mal d’articles de designers parlant de la relation avec les ingénieurs et la plupart paraissent hyper flippés sur ce sujet. « Je vais pas comprendre ce qu’elle ou il me dit », « Je connais rien au code »..
Il faut avouer qu’avoir une base de connaissance en CSS, HTML et Javascript aide grandement la relation avec l’équipe front. Je ne découvre pas leur travail et je connais les contraintes (enfin certaines). Mais l’ingénieur n’est pas une bestiole qui parle en code ultra compliqué à longueur de journée, les personnes avec lesquelles je travaille m’expliquent des problématiques que je connaissais pas et pourtant, ça reste compréhensible.
Alissone: J’ai été assez surprise de lire que les designers peuvent être flippés à l’idée d’échanger avec des ingénieurs. Et en réalité je le comprends totalement. Nous avons notre jargon technique et tous n’arrivent pas à se rendre compréhensibles voire même certains adorent se cacher derrière le jargon technique. Je pense que les détails techniques ne devraient pas rentrer en ligne de compte dans un échange designer/ingénieur. On doit pouvoir se comprendre et pour ça, en tant qu’ingénieur, ça fait partie de notre travail d’être pragmatique et pouvoir dire que quelque chose est difficile à mettre en place techniquement (ou que cela prendrait trop de temps) sans se perdre dans les détails.
Vanessa: Là où le designer peut se retrouver dans un territoire épineux face aux dev, c’est lors des échanges sur les maquettes, les idées proposées à l’équipe technique peuvent parfois être très critiquées. Il n’y a pas que les ingénieurs qui peuvent critiquer ton travail, mais étant en étroite collaboration avec eux, tu auras très souvent leur retour et des fois ça fait mal. Le design c’est très subjectif. Surtout si on parle d’UI uniquement. Et entendre un “c’est moche” ça flatte pas vraiment ton égo. Faut être armé. Le regard d’un ingénieur reste technique et va parfois empiéter sur celui du designer et là, tu auras pas mal de débats pour bien faire passer tes idées. En tant que designer, tu ne penses qu’à l’utilisateur et au produit. Les white space, la typo, la charge mentale de l’user c’est ton rayon, pas celui du dev.
Alissone: Ces situations sont très répandues. Lorsqu’un designer me fournit une maquette, je vais toujours prendre un temps avant de développer pour étudier la maquette. En premier pour m’assurer que je comprends bien les comportements designés et ensuite pour évaluer la charge de travail et les éventuels bloqueurs. Parfois, côté dev, nous avons des contraintes de temps, parfois des contraintes de faisabilité. Par contre, une réponse de type “c’est moche” ne sera jamais un argument valable. Designers et développeurs doivent collaborer de manière constructive.
Vanessa: Les ingénieurs connaissent le produit (si il est existant) sur le bout des doigts, donc ils sauront si ce que tu design est cohérent avec le reste, là je parle surtout pour ceux qui arrivent dans une entreprise où le produit est déjà existant, l’équipe front est un bon support pour commencer à travailler. Ils vont énormément t’apprendre. En plus de te dire si il est possible ou non de développer les fonctionnalités, et si non, vous pouvez trouver ensemble une solution. Les ingénieurs peuvent apporter des idées auxquelles le designer n’a pas pensé. L’ingénieur qui parfois, a déjà codé une bonne partie de l’application, va proposer des alternatives existantes. Le designer peut itérer. Toute l’énergie de la relation, est là.
On a un but commun : faire une application simple d’utilisation et user-friendly.
Alissone: On a effectivement un but/objectif commun mais surtout on a besoin l’un de l’autre pour faire quelque chose de vraiment beau, utilisable et compréhensible. On a aussi beaucoup à apprendre les uns des autres avec nos lectures différentes d’une même fonctionnalité. Sans compter que donner du sens à ce qu’on fait (ou ne fait pas) est bien plus enrichissant que de simplement faire sans comprendre le sens, ce qui va dans les 2 sens.
Voilà nos points de vue sur cette relation qui fait partie de nos quotidiens.
Si tu veux recevoir, à chaque début de mois, un résumé des derniers articles publiés et ainsi ne rien louper !