Etre neurodivergeant affecte forcément votre vie privée, cela affecte aussi votre vie en entreprise. Mais à quel point ?

Je vais résumer en quelques point ce que mon autisme et mon TDAH apporte à mes compétences de designer UI/UX.

1- Hyperfocus

Le point le plus important et qui ressort le plus à mon avis est l’hyperfocus. Car je le vis au quotidien. C’est quelque chose que j’apparente à un super pouvoir.

Le fait d’être focus des heures, sans penser à la vie extérieure, être dévouée à ma tâche. C’est intense il faut l’avouer, ça demande beaucoup d’énergie. Mais ça paye pas mal en matière de travail.

Quand je vis une session d’hyperfocus, j’avance plutôt vite et j’ai l’impression que tous mes sens sont au service du travail que j’accomplis. Les idées fusent, le challenge ici c’est de ne pas s’éparpiller. Ces périodes m’aident à abattre beaucoup de tâches en un minimum de temps. Car si j’arrive à me concentrer des heures, j’ai aussi durant ces moments, une grande créativité qui s’exprime. Mes meilleures idées bondissent généralement pendant une session d’hyperfocus.

Le mauvais coté: je ne vois pas l’heure tourner, je peux oublier de manger ou de boire. C’est quelque chose de très commun chez les personnes autistes/TDAH. Il faut penser à mettre un chrono pour faire des pauses, ces périodes d’hyperfocus seront plus faciles à gérer ainsi.

2- La créativité

L’imagination est aussi un super pouvoir dans les métiers créatifs. En tant que designer, il est important d’avoir un minimum de créativité, d’avoir des idées. Et le mieux, c’est de penser différemment. Vous connaissez ce terme « think outside the box ». C’est mon TDAH que je peux remercier lorsque mon imagination me permet d’avancer dans mon travail.

Le processus est avant tout visuel. Je ne vais pas savoir quoi faire d’un tas d’objets ou de formes présentes devant moi, en revanche, il me suffit d’une image, d’un paysage pour que fuse dans ma tête des dizaines d’idées. C’est intéressant de les mettre sur figma, parfois ça fonctionne, d’autres fois non. Mais il y a toujours une de ces idées qui sera la bonne. Ça peut dérouter, un gros flots d’idées peut parfois embrouiller le cerveau, faut savoir se concentrer pour faire le tri. Mais dans mon expérience, je n’ai jamais eu de soucis à créer lorsque j’avais page blanche.

3- L’empathie

On a souvent assimilé un manque d’empathie chez les personnes autistes, ce qui est complètement faux. On a tendance à ne pas savoir exprimer certaines émotions, ça ne fait pas de nous des être froids sans aucun ressentis.

Au contraire, on a passé une partie de notre vie à comprendre l’autre, à essayer de décoder les émotions, les expressions, les attentes des gens. A essayer de décrypter des situations, j’ai personnellement beaucoup appris ainsi.

Sans empathie, il est compliqué de concevoir une interface web. Il faut sans arrêt se défaire de nos biais cognitifs. Penser à la perception d’une personne jeune, âgée, handicapée, et j’en passe.

L’humilité fait aussi parti du processus, car ce qu’on aime ou ce qu’on voudrait trouver sur une page d’un site ne sera pas forcement apprécié de tous, il faut savoir se remettre en question et pas se prendre pour un guide. L’empathie est une arme précieuse du designer UI/UX. Je suis pleinement consciente que mon autisme m’aide énormément à ce sujet.

4- Le souci du détail

Je vais voir des choses que les autres ne voient pas. Je vais poser des questions, penser à des sujets qui n’auront pas été mis sur la table. J’accorde une grande importance à la précision, au pixel perfect. Les alignements, les grilles ainsi que les espacements, ils doivent être cohérents et impeccable. Une maquette doit être d’une précision chirurgicale. Si il y a deux rouges différents sur une maquette ça me saute aux yeux, il y a plein de petites subtilités que j’arrive à percevoir.

5- Multitâche

J’excelle aussi dans l’art de faire plusieurs choses en même temps. Pas forcément au travail, mais faire quinze mille trucs en même temps pour moi signifie que je suis énormément l’actualité en matière de design ou dans la tech. J’aime être au courant des dernières nouveautés, être à jour. J’ai un cerveau qui est quotidiennement en ébullition, qui a besoin de savoir et donc a besoin d’être nourri. Quand quelque chose m’intéresse j’aime à peu près tout savoir sur le sujet, c’est certes chronophage mais au final c’est hyper enrichissant pour ma culture générale. Ça alimente mon travail également.

Pour conclure, je vais paraphraser Peter Thiel, co-fondateur de PayPal, investisseur de Facebook, qui pense qu’engager un profil autiste sans déficiences intellectuelles, (anciennement Asperger) peut être un gros avantage pour l’entreprise: « Ces collaborateurs sont souvent un plus en matière d’innovation et de créativité. »

Comme quoi la différence est vraiment une force !

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